Brune était venue s'établir sur le parking de notre maison, il y a quelques années, et avait pris possession de notre bergerie, chauffée par quelques tuyaux de chauffages alimentant nos pièces de vies au dessus de celle-ci.

Brune ne se laissait pas approcher jusqu'au jour où, venant se nourrir chez nous matins et soirs, elle avait montré son intention de venir mettre bas chez nous.
Depuis nous avions tissé un lien, progressivement, elle était devenue familière, se laissant caresser, se dressant sur ses postérieurs pour atteindre plus rapidement ma main.
Je parvenais même, si je m'asseyais sur le trottoir, à pouvoir la prendre quelques secondes sur mes genoux !

Cet hiver, j'avais fait fabriquer par une amie, une petite maison en bois que j'avais entreposée sur le parking en plein sud, pour lui permettre de s'installer à la lumière du jour, et au soleil sur son toît, ce qui lui plaisait beaucoup.
Elle acceptait la compagnie de mes chats, mâles exclusivement, les femelles ne l'acceptaient pas.
OZZ!, notre berger australien s'en était progressivement fait une amie.
Brune a montré depuis ce lundi quelques signes de faiblesse, refusant de boire et de manger, elle se cachait, et s'obstinait à refuser mon aide. Elle acceptait cependant, le soir venu, quelques caresses au sommet de sa tête qui faisaient venir un ronronnement discret.
Hier soir, après l'avoir saluée, j'ai repris la tablette graphique et faisant des recherches parmi mes photos, je me suis mise à créer un tableau la représentant.
En début de travail, les couleurs étaient chaudes et lumineuses, comme ses yeux pouvaient l'être lors des douces soirées d'été où je venais faire mon jardinage près d'elle ...
Au fur et à mesure que la soirée s'est avancée, mes couleurs sont devenues plus froides, et bleues comme le froid qui descend cet hiver sur la Goyette.
Ce matin, j'ai trouvé brune en meilleure forme, elle était venue me saluer, comme elle ne le faisait plus depuis quelques jours, lorsque je m'en suis approchée elle s'est brutalement éteinte, foudroyée en un clin d'œil, devant nous, sur son parking.
Aucun signe apparent de souffrance, pas de blessure sur son corps, rien ne pouvait présager de ce soudain malaise.
Excepté les couleurs sur mon écran, qui tard dans la nuit annonçaient l'issue fatale de notre rencontre.
Nos chats nous aiment, ils nous accompagnent, toute leur vie, choisissent de nous suivre, sans conditions, ou presque. Celles de Brune étaient de rester sur le pas de notre porte sans jamais la franchir. De nous attendre, à toute heure du jour, de la nuit, par tous les temps, et de nous faire la fête à chacun de nos retours ...
Cruelle absence ce soir sur le parking de la Goyette ... Brune n'est plus là.
Comments